Le Tchadanthropus Tribune

mardi 7 juin 2011

CAMEROUN: Biya tente de crédibiliser sa réélection

Assuré de sortir vainqueur de la présidentielle qui se tiendra en octobre, le chef de l’Etat Paul Biya tente coûte que coûte de donner un contour pluraliste au scrutin… en séduisant ses adversaires. Vieille ficelle électorale.
La présidentielle d’octobre ne devrait pas représenter une menace pour Paul Biya. Mais l’homme fort du Cameroun, 78 ans, tient à donner une image démocratique et pluraliste à cette consultation. Pas inutile en ces temps de contestation généralisée. Cette stratégie repose sur des appels du pied envers les principaux leaders de l’opposition pour les amener à prendre part au vote, à commencer par le président du Social Democratic Front (SDF), John Fru Ndi. Le 20 mai, ce dernier a participé pour la première fois depuis vingt ans au défilé de la fête nationale. En contrepartie, ces opposants pourront compter sur un renvoi d’ascenseur de la part du régime sortant. En ce qui concerne le leader du SDF, il s’agirait d’une reconnaissance officielle comme chef de l’opposition, un statut auquel John Fru Ndi, ancien militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), tient dur comme fer.
 
Ancien premier ministre et actuel ministre d'Etat chargé des transports, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), Bello Bouba Maïgari, pourrait lui aussi se déclarer candidat. Considéré comme l'héritier politique de l’ex-président Ahmadou Ahidjo, ce Peul originaire du Nord n’a jamais caché ses intentions de vouloir diriger le Cameroun, mais "seulement après Biya".
 
Pour sa part, l’ex-ministre Henri Hogbé Nlend pourrait être le porte-étendard de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Décrit comme un proche du ministre français des affaires étrangères et maire de Bordeaux, Alain Juppé, Hogbé Nlend avait été introduit dans les réseaux de la droite française par l’ancien premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Pour envisager de se porter candidat, Christopher Fomunyoh, qui officie actuellement aux Etats-Unis comme représentant pour l’Afrique au National Democratic Institute, revendique un maroquin dans le gouvernement post-élection.
 
Pour donner un tour encore plus crédible à la consultation, le régime de Biya tente parallèlement de coopter certaines personnalités réputées pour leur indépendance d’esprit, à l'instar de l'archevêque de Douala, le cardinal Christian Tumi, ou du cinéaste Bassek Ba Kobhio, afin qu’elles deviennent membres d’Elections Cameroon (Elecam). Cet organe chargé de la supervision et du contrôle du scrutin fait également l'objet de nombreuses critiques.

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