A l'instar du département d'Etat américain et des agences qui en dépendent, très tôt mobilisées pour soutenir la transition en Tunisie, le département du commerce est sur la brèche. Celui-ci vient de mettre la dernière touche à son "Commercial Guide Tunisia 2011", dans lequel il invite vivement les investisseurs américains à venir saisir les opportunités, au lendemain de la révolution du jasmin. Le document rappelle que le "gouvernement de transition a confisqué dès mars (décret nº2011-13) des entreprises de premier plan qui appartenaient au clan Ben Ali (…) y compris Karthago Airlines, Carthage Cement, Tunisiana, Orange Telecom, Bricorama, Ennaklet Alpha Ford (…) et que des discussions qui se sont tenues avec des responsables gouvernementaux américains laissent penser que certains actifs seront privatisés". Autant"d'opportunités" pour les entreprises d'outre-Atlantique, conclut le guide. Le rapport rappelle aussi l'ampleur des dégâts dus au vandalisme, ce qui nécessitera d'importants investissements, comme par exemple "le saccage de l'hypermarché Casinoet des supermarchés Monoprix" du clan Mabrouk.Si certains programmes de l'ère Ben Ali ne seront pas honorés par les nouvelles autorités - tel "le passage à la convertibilité totale du dinar dès 2014" -, Washington met en avant des secteurs toujours porteurs. C'est le cas de l'électricité et des énergies renouvelables, et notamment du Plan solaire tunisien (PST) qui comporte plusieurs projets non encore attribués - pour un montant total de près de 1,8 milliard $. Dans l'industrie automobile, le département du commerce fonde ses espoirs sur le secteur de l'importation qui doit être prochainement "libéralisé". Dans l'assurance, le document table sur "une hausse des demandes d'assurance des biens" dans la Tunisie postrévolutionnaire et sur un développement de produits d'assurance vie "Sharia compliant". Dans l'agriculture, Washington note la mise en place par le nouveau régime "de subventions pour l'achat de tracteurs et de moissonneuses-batteuses", ainsi que "la forte demande de silos" et de céréales. Les fabricants de matériel agricole américains se frottent les mains... Le secteur bancaire au centre de l'attention
Longtemps accusé de bloquer le plein développement de l'économie tunisienne en raison de ses créances pourries, le secteur bancaire de l'après-Ben Ali est suivi de très près par les Américains. Dans son guide 2011 dédié à la Tunisie, le département du commerce attire l'attention sur le sort de "la banque Zitouna, anciennement détenue par le gendre du président, Sakher El Materiet aujourd'hui placée sous tutelle de la Banque centrale tunisienne", dont l'avenir sera tranché par décision de justice. Sera-t-elle privatisée ? Même question pour la Banque de Tunisie (ex-groupe Trabelsi).
L'administration américaine se réjouit de l'annonce en avril "par le ministre tunisien des finances de la prochaine libéralisation de l'activité microcrédit dans le pays et de la réglementation régissant les capitaux privés". Washington se félicite aussi des nouvelles mesures qui doivent être adoptées pour améliorer la transparence dans la publication des résultats, la gestion du risque-crédit et la défense des droits des créanciers. Le rapport conclut néanmoins qu'en dépit de la mise en place de sociétés de recouvrement de créances, le ratio de crédits non performants demeure toujours de 13,5% dans le pays.

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